Héros, méchants ou indécis

Bonjour,

Cet article fait suite au précédent intitulé « Elorine et Naëlis ». Je suis allé à la rencontre d’autres personnages du roman, peu de temps avant que l’histoire ne commence… année 608.

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Liselle

 

« Je suis une Valokine pure souche, si l’on peut dire. Mes parents habitent encore à Eniapur où je suis née, dans la province de Hivao. Tout le monde est plus ou moins métissé mais chez moi, ça se voit pas tellement. Je suis tout ce qu’il y a de plus noire. Peau foncée, cheveux crépus…

C’est ça, tout le contraire de mon amie Naëlis. Je ne suis pas surprise qu’elle vous ait parlé de moi. Nous sommes voisines de chambrée et passons beaucoup de temps ensemble. Elle est super. J’aime beaucoup sa gentillesse, sa douceur. Il nous arrive de partager un peu de tendresse. Jaloux ? Me dites pas que vous êtes choqué.

Nous ne sommes pas des nonnes soumises et frustrées comme certaines de la Terre antique. Le plaisir fait circuler l’énergie, produit des endorphines, ça fait longtemps que ce n’est plus un tabou. La yoni de la femme est sacrée chez nous, ça ne veut pas dire qu’on a pas le droit de s’en servir. La seule question c’est comment.

Bref. On parlait de quoi déjà ?

Naëlis, je l’ai toujours défendue face aux critiques des autres sur ses origines. Moi je la trouve magnifique avec ses yeux violets, ses cheveux clairs et les petites taches de rousseur sur sa frimousse. C’est original au moins… Elle se pose trop de questions mais elle est loin d’être stupide. Le premier qui l’ennuie aura affaire à moi.

Je suis une fille très directe. D’ailleurs, si vous m’abordez dans l’espoir de me faire du charme, je vous le dis tout de suite : vous perdez votre temps. Vous êtes quoi au juste, écrivain ? marrant. Les hommes ne m’intéressent pas, c’est interdit et de toute façon, je n’ai pas le temps pour ces bêtises. Revenez me voir dans six ans, quand je serai devenue Matria, nous en reparlerons peut-être (rire). »

 

> Cette jeune femme très franche m’a parue sympathique malgré un sexisme assez évident. Après tout, elle vit dans un matriarcat.

Sa peau et ses cheveux noirs font ressortir l’éclat de ses jolis yeux noisette. Elle a tout d’une guerrière. Liselle a pu choisir entre deux factions de l’ordre à sa majorité, elle aurait pu faire une excellente Ordoshaï.

 

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Aguas_del_lago_de_Maracaibo_contaminadas_por_Lemna_03b (végétation retouchée. Crédit photo : The Photographer)

 

Crysarios Darek

 

« C’est un plaisir de vous accueillir à Meriv, nous n’avons pas souvent de visiteurs ici. Bienvenue.

Je suis l’édile de cette « charmante » ville que vous apercevez au fond, depuis que j’ai dirigé la célèbre bataille qui nous a permis de mettre les Thars dehors.

Eh oui, j’étais un héros à cette époque ! Nous avons payé le prix fort pour retrouver notre indépendance… Mes prédécesseurs avaient laissé les nordiques ravager notre environnement, et le conflit pour les chasser n’a laissé de ma ville qu’un champ de ruines. Depuis vingt-cinq ans, nous essayons de réparer les dégâts, de nettoyer l’écosystème, de le ramener à la vie.

J’ai parfois l’impression que c’est une tâche sans fin… peut-être n’en verrai-je pas le bout de mon vivant. Qu’importe. Au moins aurai-je la consolation d’avoir participé, d’avoir laissé aux générations futures un environnement plus sain que ce qu’il est aujourd’hui. Regardez-moi ça ! La Mer Orange, triste souvenir ! Il n’y a plus que des débris flottants, des déchets industriels et des algues nauséabondes. Ici en Nemosia, les infortunés habitants de ses côtes l’ont rebaptisée d’un nom que je ne répèterai pas, pour éviter d’être grossier. Pauvre mer mourante.

Vous connaissez Elorine Sequoia ?! Elle vous a parlé de moi ?… Ah bon (déçu).

C’est une très bonne amie, nous nous sommes rencontrés quand elle était diplomate en Nemosia. Quelle femme ! Si seulement elle n’avait pas déjà prononcé ses vœux de Matria à l’époque… pardon, je m’égare. C’est en partie grâce à elle que certaines régions nemosianes se sont à nouveau rapprochées des Valokins. J’aimerais bien la revoir mais ça me paraît difficile. Nous avons tellement de responsabilités l’un et l’autre, coincés dans nos vies respectives, si loin… (soupir). Je boirais bien un verre. »

 

> Crysarios est ce qu’on appelle une armoire à glace. Mais la cinquantaine bien entamée commence à peser sur son embonpoint… il est amical malgré son regard profondément triste. Il a un air d’ours avec sa bedaine et sa grosse barbe noire. Vous pouvez lui répéter, sur ce monde, personne ne sait ce qu’est un ours.

 

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5204601216_a418013538_z-flickr (illustration : ZombMax)

 

Hirdan Pascor

 

« Je n’ai pas de temps à perdre avec vos inepties. ME faire connaître ? Haha ! Tout le monde connaît Hirdan Pascor, enfin ! Voyez ces triangles noirs et violets sur mon superbe costume, vous savez ce qu’ils signifient ? Je suis le Grand Ordonnateur du Tharseim, le dirigeant de la plus puissante nation de cette planète. Vous débarquez d’un obscur village de la ceinture tropicale ou quoi ? (regard soupçonneux)

Je n’ai rien à dire à un étranger. Vous n’arrivez même pas à la cheville de la plus vulgaire femelle du Tharseim.

Qui vous a laissé entrer ? Déguerpissez prestement, ou je vais vous confier à mes nouveaux soldats d’élite… Pour écrire votre torchon, vous n’aurez qu’à vous adresser à mes biographes. »

 

> Je n’ai pas eu plus de succès avec ses biographes, désolé.

Hirdan Pascor est un homme grand et svelte, paraissant beaucoup plus jeune que ses soixante ans. Il a une peau très pâle, des cheveux blonds coupés très courts et des yeux vairons, l’un brun et l’autre bleu. Son goût pour les jeunes hommes est de notoriété publique. Il n’a ni épouse ni enfants.

Xénophobe et misogyne, ce type a tout l’air d’un dangereux mégalomane qui méprise à peu près tout le monde, à part lui-même.

 

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Aries Vardan

 

« Veuillez m’excuser, j’ai assisté à la fin de votre entrevue avec le Grand Ordonnateur (regard inquiet à gauche et à droite). Vous savez, tous les Thars ne se désintéressent pas des étrangers.

Pardon ? Oui c’est exact, il existe des mouvements dissidents… Non bien sûr, je n’en fais pas partie. Parlez moins fort s’il vous plaît. Écoutez, je ne peux pas répondre à vos questions, j’ai beaucoup de travail. Je vais vous donner un conseil amical : faites attention à ce que vous dites si vous ne voulez pas finir dans un cachot ou une salle de torture. »

 

> Aries Vardan est un des Ordonnateurs du département scientifique à Harfang, la capitale du Tharseim. C’est un homme important dans son pays. Il porte une blouse-uniforme décorée de triangles noirs et gris. Cinquantenaire il est de corpulence moyenne, c’est un homme assez avenant malgré son air inquiet.  Il a des yeux verts, des cheveux poivre et sel coupés courts.

Je lui ai proposé un rendez-vous pour discuter plus sereinement, il a refusé. Il semble détenir des informations intéressantes mais il faudrait pouvoir gagner sa confiance…

 

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1200420204_722355975a (crédit photo : David Jonglez)

 

Hog

 

« Par tous les cactus du Désert Agriote, un touriste ! Z’êtes perdu ?

Si j’ai de l’eau ? ‘Faut voir…  vous avez queq’chose en échange ? Alors non. Saloperie de soleil, hein ! Ouais je traverse le désert avec ma caravane d’escarabes, enfin, un bout seulement. Y a pas mal de tribus qui apprécient que j’leur amène des marchandises depuis la frontière nemosiane.

Ça vous étonne que je trimballe du bois, ben r’gardez autour de vous ! Dans le Calsynn, c’est un matériau rare et précieux. Ouaip, des fois j’emmène des gens mais ça m’étonnerait qu’on fasse affaire, tous les deux.

Z’avez pas d’eau, pas d’bouffe non plus j’imagine… des armes ? Ah ! Filez-moi ce joli fusil sonique et je vous conduis au prochain village. Je sais comment éviter pas mal de coins dangereux, j’connais l’emplacement de quelques sources. Si vous préférez garder votre pétoire, vous allez crever de soif ici. C’est pas mon problème. »

 

> Hog est un nomade solitaire du Calsynn. Assez petit et trapu, il porte une tenue disparate faite de cuir de chenille et de plaques d’armure en carapace de coléoptère. Son crâne est rasé à blanc, hormis deux longues tresses brunes qui partent du sommet de la tête et lui arrivent au milieu du dos.

Je l’ai surpris en train de fouiller dans mes affaires pendant la nuit, mais comme je n’avais rien caché d’intéressant, on en est resté là. Déjà bien armé et équipé d’un diffuseur de phéromones répulsives, il n’a pas hésité à tirer sur tous les insectes menaçants qui croisaient notre route. Certains étaient de vrais monstres…

Il a gardé mon fusil et j’ai finalement pu sortir du désert. Mon petit doigt me dit que j’ai eu de la chance de ne pas être une femme, cette fois.

 

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Le Porteur de Mort

 

> Je n’ai pas réussi à le localiser pour avoir un entretien avec lui. À vrai dire, il est difficile de savoir s’il ne s’agit pas seulement d’une légende.

Le Porteur de Mort serait un assassin méthodique faisant des victimes un peu partout sur l’hémisphère habitable. Il n’aurait jamais laissé un témoin vivant, jamais le moindre indice ni la moindre empreinte. Personne ne sait à quoi il ressemble et pourtant, la plupart des gens ont entendu parler de lui.

Ses crimes sont signés par la pratique d’un rituel sur les corps de ses victimes, toutes tuées avec des armes blanches parfois enduites de poison. Les cadavres sont toujours retrouvés dans des postures paisibles, formant parfois entre eux des figures géométriques. Les yeux clos, comme préparés pour un ultime voyage, ils sont couverts de pétales de fleur odorants et légèrement phosphorescents, provenant d’une plante jusqu’à ce jour inconnue.

Ses malheureuses cibles ne semblent pas avoir de lien entre elles. Comme elles sont parfois très éloignées géographiquement, certains pensent qu’il pourrait s’agir d’un canular sordide, d’imitateurs reproduisant la méthode d’un tueur ayant réellement vécu. D’autant qu’il est supposé parcourir ce monde depuis plus de cinquante ans… S’il existe vraiment et qu’il y a une logique derrière ses meurtres, lui seul la connaît.

 

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> Je sens une présence, quelque chose m’observe… on me suit. Il est temps de rentrer.

 

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Pfiou ! Pas toujours évidents ces personnages. Je me rends compte combien moi, qui ne suis ni un héros ni un méchant, je n’en mènerais pas large face à certains d’entre eux. Vous les rencontrerez tous dans le roman et il en reste d’autres à découvrir…

Pour le prochain article j’hésite encore entre plusieurs sujets, alors ce sera une surprise. Il s’agira en tout cas d’une petite histoire.

Prenez soin de vous.

 



 


4 Responses to Héros, méchants ou indécis

  1. Avatar Marjorie Moulineuf
    Marjorie Moulineuf dit :

    hum ! après la vertu d’Elorine, Naelis et semble t-il Liselle … le vice ? J’aime particulièrement Hirdan Pascor et l’économie de moyens que tu as utilisé pour en dire énormément. sur lui. De toute façon je suis incorrigible même quand j’étais petite, la vertu m’ennuyait, j’ai toujours trouvé Lex luthor plus intéressant que Superman. Heureusement que tu n’as pas localisé le Porteur de Mort , que deviendrions-nous ? Constate l’étendue de mon égoïsme 🙂
    Bravo Sandro, c’est un réel plaisir et « tourment » de devoir attendre la suite.

  2. Merci Marjorie, ton soutien fait chaud au cœur 🙂

    Moi aussi j’ai tendance à préférer les « mauvais » dans les histoires, surtout quand ils sont intelligents. L’archétype du héros est souvent sans surprise, même si on est moralement de son côté, on s’attend plus ou moins à ses réactions.
    Les meilleures histoires contiennent un méchant qui possède une certaine classe, ou un caractère original. Comme Lex Luthor, très bon exemple. Superman est plutôt insipide à côté…
    Le Joker de Batman, le Bouffon de Spiderman, Dark Vador dans Star Wars, Sauron dans le Seigneur des Anneaux, le Gritch de Hyperion, Freddy Krueger, le clown de Ça… tous ces méchants ont un côté fascinant je trouve. Et j’en oublie sûrement quelques-uns !

  3. La suite de ces personnages est tout aussi passionnante !
    Hi hi hi ! Le Porteur de Mort… euh… heureusement que tu ne l’as pas trouvé ^^
    Hirdan Pascor, je ne l’aime pas, trop froid et arrogant pour ma pauvre sensibilité :s
    Je suis attirée par Crysarios (j’adore les nounours) et par Liselle. Les Guerrières, je kiffe 😉 Hog j’aime bien aussi, un peu roublard, sournois, direct.
    J’adore ton image au-dessus d’Hirdan Pascor.
    Bien trouvé aussi celle du Porteur de Mort ^_^

  4. Hirdan Pascor n’a rien de sympathique, je comprends ton opinion. À n’en pas douter, celui-ci n’est ni un héros ni un indécis 😉
    Merci Marjorie ^^