Elorine et Naëlis

Salut à tous.

Les abonnés du blog (qui ont lu le début du roman) ont déjà commencé à découvrir Elorine et Naëlis.

En visitant les blogs de certains amis auteurs dont vous avez les liens dans la colonne de droite (je vous invite à regarder, ils sont tous intéressants et tous différents), je me suis dit que ce serait bien de vous parler de mes personnages principaux. Mais il m’a semblé utile de vous familiariser d’abord avec quelques termes spécifiques à cet univers, dans les articles précédents

Après tout, que serait un roman sans personnages ?

Ils sont le cœur du scénario, l’axe principal autour duquel les évènements se mettent en place. Leurs compétences, leur caractère, leurs émotions et sentiments, leurs relations entre eux construisent une histoire unique.

De nombreux auteurs confient que leurs personnages, par moments, n’en font qu’à leur tête. Les miens n’échappent pas à cette tendance. Ils prennent des décisions, réagissent à certains évènements d’une manière que je n’avais pas toujours prévue. Une fois plongés dans l’action, ils agissent à leur façon et enrichissent le déroulement de l’histoire. J’aime beaucoup ces moments où mes idées se développent d’elles-mêmes, comme animées d’une vie propre. Même si ces petites escapades me valent parfois des migraines pour que l’ensemble reste cohérent…

Passons aux choses sérieuses.

Je suis allé sur place pour les interroger directement, exprès pour vous. Un peu comme un entretien juste avant le début du roman, pendant l’année 608 du calendrier local. Permettez-moi de vous présenter :

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Elorine Sequoia

 

« Oui, même si vous ne faites pas partie de l’ordre, vous pouvez m’appeler Matria Elorine. Dépêchons, je vous prie, mon temps est précieux. Vous voulez connaître mon histoire ? (regard hautain)…

Ma mère a fui le Calsynn alors qu’elle était toute jeune pour échapper à un mariage forcé. Éprise de liberté, marquée par sa dure condition de femme de clan, elle a traversé la Nemosia sans s’arrêter pour rejoindre le matriarcat. À Leda, la capitale valokine, elle a rencontré mon père. Rien à voir avec les rustres du désert, c’était un homme doux, je crois qu’ils ont été heureux ensemble. Je suis fille unique. Des facilités ont été détectées chez moi pour percevoir le Seid, j’ai donc intégré le monastère à l’âge de quatre ans.

Je suppose que vous connaissez plus ou moins le parcours d’une Sœur Ophrys, je ne vais pas vous raconter tout mon apprentissage. À ma majorité, j’ai pu choisir la branche des Melishaï et je me suis occupée d’une ruche d’aporims jusqu’à mes trente ans.

On a aussi trouvé chez moi des talents pour la pédagogie et la diplomatie, que j’ai approfondis. Quand je suis devenue Matria, j’ai été l’une des plus jeunes ambassadrices dans le Tharseim. Je suis restée deux ans là-bas, mon séjour ne s’est pas bien déroulé. J’ai passé ensuite quelques temps dans le Calsynn puis en Nemosia avant de revenir en Valoki.

Depuis dix ans maintenant, je n’ai plus quitté mon pays natal et je vis dans le monastère principal de l’ordre, près de Leda. Je pense pouvoir dire sans prétention que je suis une des meilleures guérisseuses de la région. J’enseigne aussi mes connaissances à plusieurs Melishaï.

Ce qui compte pour moi ? La droiture, le travail, le rationnel, la loyauté. Rien ne doit passer avant les intérêts de l’ordre. Je trouve parfois mes consœurs un peu trop émotives. Paradoxe pour une moniale ? Je ne crois pas. Notre sensibilité nous permet d’accéder au Seid, mais savoir maîtriser cette énergie, c’est aussi atteindre un stade de conscience qui se situe au-delà des émotions. Je n’aime pas la sensiblerie. D’ailleurs, je dois dire que certaines de mes élèves me causent du souci à ce niveau.

En effet, Naëlis par exemple. Vous la connaissez ? Elle est probablement ma meilleure élève et pourtant, elle m’inquiète parfois. Il y a chez elle une sorte de nonchalance naturelle, elle arrive à être insolente sans même s’en rendre compte. Je la surveille de près, celle-ci. Ses talents pour le Seid sont indéniables, elle arrive même à me surprendre. Mais je n’aime pas tellement les surprises.

Ma vie sentimentale ? Ça ne vous regarde absolument pas. »

 

> Elle m’a planté là sans autre forme de politesse.

Mince et grande pour une Valokine, Elorine est le fruit de nombreux métissages. Elle a la peau mate, un visage très fin, des pommettes saillantes et des yeux en amande d’un bleu très clair. Ses cheveux sont lisses et noirs. Âgée de quarante-cinq ans, elle fait partie des meilleures Matria de l’ordre Ophrys et porte trois pierres d’Ambremiel autour du cou.

C’est une femme posée, intelligente, qui réfléchit avant de s’exprimer ou d’agir. Toujours impeccable, organisée, elle dégage une impression de sagesse, de calme. Elle n’aime pas montrer ses émotions et semble toujours impassible.

Habile dans les discussions par son sang-froid et son esprit logique, elle peut aussi se montrer autoritaire et faire preuve d’une certaine froideur. Peut-être est-ce dû à cette distance que doivent souvent prendre ceux qui passent leur vie à s’occuper des autres…

Les Veneris vont lui confier une mission de la plus haute importance, un voyage dangereux pour lequel elle sera accompagnée de sa meilleure élève. Sa relation avec son apprentie, loin de la tranquillité du monastère, deviendra plus délicate que jamais.

 

♦ ♦ ♦

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Naëlis

 

« Bonjour, je m’appelle Naëlis (sourire). Vous faites une sorte de reportage ? Amusant. Eh bien, je ne suis pas sûre d’être une personne très intéressante… Je n’ai pas beaucoup de temps mais vous avez l’air sympa, je veux bien vous accorder quelques minutes. C’est bizarre, vous me dites quelque chose…

Je ne vous ai pas donné mon nom de famille pour une raison très simple, je n’en ai pas. J’ai été trouvée tout bébé sur les marches du monastère et recueillie par les Sœurs Ophrys.

D’où je viens ? Bonne question. Avec mes cheveux blonds et ma peau claire, j’ai pas mal souffert des moqueries de mes camarades quand j’étais Koré. L’adolescence est cruelle… Oui, oui, il est possible que je sois même originaire du Tharseim (soupir). On peut changer de sujet ?

J’ai toujours vécu dans le monastère principal de l’ordre, près de Leda. J’aimerais beaucoup voyager, découvrir le vaste monde, il doit y avoir tant de belles choses à découvrir… Mais peut-être que je n’en aurai jamais l’occasion. Non, ça ne me rend pas triste.

J’aime ma fonction, j’adore travailler avec les aporims. Il m’arrive même de préférer la simplicité des insectes. Ils ne connaissent pas le mensonge, quand ils essayent de tromper leur entourage c’est uniquement pour chasser ou se protéger.

On vous a dit que j’étais très douée ? (rougit) Euh, je pense qu’on peut toujours faire mieux. C’est vrai que j’ai réussi tous les tests il y a deux ans, quand je suis devenue Shaïli. Je ne suis pas la seule… J’aurais pu intégrer n’importe quelle branche de l’ordre et j’ai choisi les Melishaï. Quel bonheur de parcourir le ciel sur le dos d’une aporim !

Mon avenir ? Je n’aime pas trop y penser. Ce serait un honneur de devenir Matria un jour, mais ça me fait un peu peur. Et puis, je ne sais pas encore si j’aimerais faire des enfants. J’ai le temps c’est vrai. J’ai beaucoup d’admiration pour Matria Elorine, mon mentor, mais je dois avouer que parfois, on a du mal à se comprendre. C’est un vrai glaçon… Elle va le lire votre texte ?

Ce qui compte pour moi : accomplir mon devoir, le partage, le respect, la joie de vivre. J’ai horreur de l’injustice. Ma Matria me reproche souvent d’être trop émotive, mais c’est aussi cette hypersensibilité qui m’a donné quelques talents. Ce n’est pas toujours facile à gérer. J’aime faire les choses à ma manière, même si des fois ça ne convient pas trop à mes supérieures.

Ma vie sentimentale ? Vous posez des questions étranges ! Eh bien… comme toutes les moniales de mon âge, je n’ai pas le droit de fréquenter des hommes. Certains sont attirants mais je préfère les filles (sourire). Oui, les relations entre Sœurs sont tolérées si elles restent discrètes. La notion de couple nous est étrangère, nous ne sommes pas censées ressentir des sentiments amoureux. Ça fait partie de notre conditionnement… (pensive)

D’ailleurs je me demande, comment ça se passe pour celles qui se retirent de l’ordre à trente ans ?… Je demanderai à Matria Elorine.

Ma meilleure amie s’appelle Liselle, elle est Melishaï aussi. Je l’adore (rougit). Je devine à votre aura et votre petit sourire en coin la question que vous allez me poser. Là, vous devenez vraiment embarrassant ! Je vais être en retard, désolée, il faut que j’y aille.

À la prochaine. »

 

> Bon d’accord, c’était un peu indiscret.

La couleur de son regard est étonnante. Âgée de vingt-et-un ans, Naëlis est pourvue d’un caractère complexe qui déstabilise parfois son entourage. D’ordinaire assez discrète et rêveuse, elle peut parfois se montrer impulsive et il lui arrive de prendre des risques inconsidérés. Sportive, elle aime dépasser ses limites et montre un goût prononcé pour les sensations fortes.

Esprit indépendant, un peu rebelle, elle a facilement tendance à tout remettre en question. Il lui arrive d’être angoissée. Malgré son intelligence elle est encore ignorante de beaucoup de choses et très naïve sur certains sujets. D’un naturel modeste, elle frise le complexe d’infériorité. Elle n’a pas conscience que sa spontanéité et sa franchise passent parfois pour de l’arrogance aux yeux de ses supérieures.

Le voyage qu’elle entreprendra avec sa Matria va bouleverser ses croyances et sa vision du monde. Elle devra suivre un chemin difficile qui pourrait bien être sans retour.

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C’est avec ces deux femmes que vous découvrirez la majeure partie de l’histoire développée dans le roman.

Dans le prochain article, je vais vous présenter d’autres personnages que je ne vais pas appeler secondaires car certains jouent un rôle très important dans cette histoire. Je les laisserai aussi se présenter eux-mêmes, s’ils veulent bien.

À très bientôt.



 (images provenant d’ici ou , et au-de)

4 Responses to Elorine et Naëlis

  1. Avatar Marjorie Moulineuf
    Marjorie Moulineuf dit :

    Quelle belle présentation et très originale.Je crois que je vais adorer Elorine. J’aime bien comment elle t’a laissé en plan 🙂 . ça en dit long sur son estime de soi. Quant à Naelis, la jeune rebelle je sens que cela fait faire des étincelles avec Elorine. Bravo

  2. Merci Marjorie ! Elles m’ont toutes les deux laissé en plan finalement, l’une un peu plus gentiment que l’autre 😉
    Je leur en veux pas, leurs journées sont bien remplies et puis dans leur matriarcat, elles n’ont pas une très haute estime des hommes…

    Je me suis amusé à imaginer comment réagiraient mes personnages face à moi. Eh ben c’est déstabilisant.
    Pour les prochains, ça va pas être triste !

  3. Génial et très original, cette présentation, Sandro !
    C’est vivant, on s’y croirait !
    Je préfère la personnalité de Naëlis, j’ai un peu de mal avec les personnes très droites, morales et froides. Et puis je ressemble plutôt à Naëlis, peut-être est-ce une explication.
    Tu as fait un beau travail d’écriture, en imaginant leur réaction face à toi. Bravo !
    Au fait, j’aime bien la tolérance sexuelle au sein de l’Ordre, ça change de nos ordres religieux en général intolérants et même carrément castrateurs 😉

  4. Merci Marjorie 🙂
    J’aime beaucoup moi aussi le genre de caractère de Naëlis : des personnes sensibles, émotives, qui agissent avec leur cœur plutôt qu’avec leur tête. La sagesse froide d’Elorine a aussi ses bons côtés, mais forcément, elles ont parfois du mal à se comprendre…

    Concernant la tolérance, je pense qu’il serait grand temps que les diverses religions arrêtent de faire culpabiliser les gens d’avoir des désirs charnels.
    Nous avons un corps sexué, c’est la nature et cela n’a rien de dégradant. C’est dans la manière de vivre notre sexualité que nous pouvons en faire quelque chose de moche ou de très beau. Mais certainement pas en niant ce que nous sommes.