Ambiances et Inspiration

 

Salutation !

Aujourd’hui pour changer un peu, j’ai envie d’écrire sur un sujet qui concerne toutes les personnes créatives : l’inspiration.

D’où viennent nos idées ? Pourquoi à certains moments elles semblent s’imposer d’elles-mêmes, et à d’autres au contraire il faut se torturer les méninges pour en trouver ?

Sommes-nous reliés par moments à un inconscient collectif, des esprits, des entités supérieures ?

Le fait est que les personnes créatives, les artistes entre autres, ont parfois le sentiment d’atteindre une sorte d’état de grâce. Comme s’ils n’étaient par moments qu’une antenne, un vecteur, l’outil donnant forme à une énergie qui semble venir d’ailleurs, car la personne se laisse porter par l’action sans exercer de contrôle.

J’ai pour ma part des affinités marquées avec trois formes de création différentes : l’écriture, le dessin et la musique. J’ai ressenti parfois cette impression avec les trois, en dépit de niveaux de maîtrise technique différents. À certains moments les mains sur le clavier, le cahier, la guitare ou la feuille de dessin, semblent savoir mieux que moi ce qu’il faut faire.

Et bonne surprise, en général le résultat est à la hauteur du sentiment d’harmonie, de fusion avec l’illustration, la mélodie ou l’histoire qui est en train de se construire.

Il peut même arriver que dix ans plus tard, en retrouvant ce que vous aviez réalisé, vous soyez surpris de constater que vous ne pourriez toujours pas faire mieux avec les mêmes ingrédients.

 

 

Ces phases d’inspiration intense sont relativement rares, c’est bien ce qui les rend précieuses. Sommes-nous connectés avec autre chose dans ces moments-là, ou laissons-nous simplement le champ libre à notre inconscient ?

À vrai dire nous n’en savons encore rien.

Par contre je constate que nous avons la possibilité d’influencer notre état d’esprit, pour accueillir ces moments où nous sommes en phase avec notre activité.

 

Paul_Cézanne_- Le_Baiser_de_la_Muse(Le baiser de la Muse – Paul Cézanne)

 

La fameuse Muse des poètes, l’inspiration qui va et vient en suivant ses caprices, est une jolie image. Mais pour moi il ne s’agit que d’une représentation mentale, une métaphore.

Quant à une inspiratrice incarnée dans un corps de chair, correspondant comme par hasard aux désirs de l’artiste, hum…

À chacun ses petits trucs, après tout. Le principal est de les trouver.

Cela fait quelques années que je me consacre sérieusement à l’écriture et mes propres croyances ont évolué au fil du temps. J’ai passé des heures devant ma feuille ou mon écran à espérer comme un benêt que l’inspiration revienne. Ça ne fonctionne pas.

Vous pouvez l’attendre pendant dix ans l’inspiration, si vous ne faites rien pour la favoriser. Vous pouvez commencer 25 histoires et n’en terminer aucune, faute de conviction… Il ne suffit pas de donner du sérieux à ce qu’on fait pour en faire une réussite, mais c’est indispensable. Si vous attendez que tout soit parfait, vous attendrez toute votre vie.

L’inspiration se travaille comme tout le reste, à mon avis. C’est avant tout une question d’état d’esprit et de lâcher-prise.

 

 

Le concept est plus difficile à appréhender si vous ne pratiquez votre activité créatrice que de temps en temps.

La fatigue et les soucis du quotidien risquent de prendre tellement de place que vous remettre sur votre projet semblera parfois titanesque. Et vous allez d’autant plus avoir tendance à attendre que les choses « reviennent toutes seules ». Mauvaise nouvelle, c’est le meilleur moyen de ne jamais finir.

Il y a bien sûr tout un tas de clichés et de préjugés sur les artistes qui peuvent être autant de freins à la créativité.

Le regard des autres, leur absence de soutien voire leur dénigrement, gâchent parfois de véritables talents. Même vos proches les plus bienveillants peuvent faire de très mauvais conseillers, en croyant savoir alors qu’ils ne connaissent que le même cliché que tout le monde.

Si vous ressentez ce besoin, si vous croyez en ce que vous faites, écoutez-vous. Le jugement des autres ne doit pas vous détourner de ce que vous pensez. Même si vous devez vous planter, au moins vous n’aurez pas le regret de ne pas avoir essayé.

En plus leur avis changera quand vous aurez atteint votre objectif. Parfois, les personnes qui vous avaient d’abord découragé(e) seront les mêmes à vous féliciter devant le fait accompli.

 

 

Si vous souhaitez créer un produit de qualité, même si votre activité ne vous rapporte pour le moment pas le moindre argent, il faut y consacrer l’énergie et le temps nécessaires à un résultat professionnel. Il faut avoir le temps mais aussi la disponibilité mentale. Si votre quotidien vous préoccupe en permanence ce sera plus difficile.

Il est nécessaire par moments de se couper du monde, de se plonger à 100% dans notre univers créatif. Sans quoi vous réussirez peut-être à produire quelque chose, mais qui sera largement en-dessous de votre potentiel. Ce serait quand même dommage.

 

« Toutes les bonnes idées commencent par de mauvaises idées.

C’est pourquoi cela prend si longtemps. »

– Steven Spielberg

 

 

Rien n’empêche de partager son temps libre en ne consacrant que les soirées ou les week-ends à votre activité de création. Mais il faut un minimum de régularité, de rythme, pour que votre cerveau acquière tout simplement l’habitude.

Comme dans la pratique d’un sport ou d’un instrument de musique, il n’y a que par l’entraînement qu’on progresse. Ne pas agir pendant des mois est le meilleur moyen de stagner, voire de régresser. C’est d’autant plus frustrant de réaliser qu’on a perdu un certain niveau, il faut d’abord le retrouver avant d’espérer aller plus loin.

Pratiquez au maximum, pensez à votre création quand vous le pouvez pour rester connecté(e) avec. C’est de là que viendra l’aisance, le lâcher-prise favorisant une imagination fertile et débordante d’idées.

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Plein de petits détails peuvent favoriser cet état d’esprit, et cela passe par l’ambiance qui vous entoure. Il est évidemment préférable d’avoir l’esprit serein.

En ce qui me concerne, le simple fait d’être dans un lieu de travail qui soit propre et rangé m’aide. L’intérieur de notre logement est un reflet de l’intérieur de notre tête. Je suis loin d’être maniaque mais un minimum d’ordre fait vraiment du bien.

La mise en place d’une forme de rituel d’écriture est une aide précieuse pour créer une atmosphère.

Certains vont faire brûler de l’encens, se servir un thé ou un café, écouter une musique précise, ou tout autre petit geste qui vous connecte avec l’habitude de pratiquer votre activité.

Instaurer une ambiance propice, sans oublier de couper toute forme de distraction. Téléphone, télévision, courriel, réseaux sociaux sont à bannir. Vous les retrouverez bien assez tôt mais à ce moment privilégié que vous accordez à votre passion ou votre hobby, ils n’ont pas leur place. Le monde continuera de tourner mais votre projet lui, a besoin de toute votre attention. Vous êtes la seule personne qui puisse lui donner de la valeur, de la profondeur… ou pas.

La musique est puissante pour créer une atmosphère. Selon l’univers dans lequel notre création se situe et le type d’émotions que nous souhaitons provoquer, le fond musical qui nous accompagne peut constituer en lui-même une source d’inspiration.

 

Pour écrire une histoire, les bandes originales des films et des séries qui vous plaisent sont de très bonnes sources d’idées.

C’est intéressant d’observer comment nous réagissons face à certains stimuli. Avec l’habitude d’écouter tel ou tel morceau, parfois dès les premières notes on ressent une différence dans notre disposition. Le générique de la série Utopia, par exemple, me plonge à chaque fois dans un état propice à l’écriture. Le cerveau enclenche le mode « imagination » à tous les coups, c’est amusant.

Il y en a plein d’autres. Adaptez vos playlists selon l’état d’esprit que vous recherchez. Pour mes scènes les plus sombres je vais plutôt écouter du Black Metal symphonique ou la B.O du film Alien… pour des ambiances plus joyeuses je vais autant apprécier Amélie Poulain ou Doctor Who.

En général les musiques plutôt calmes correspondent mieux à l’écrit. Pour dessiner je vais plus volontiers écouter des morceaux avec des paroles car j’aime bien chanter en même temps, ce qui est impossible en écrivant (le mental est beaucoup plus sollicité). Chaque activité et chaque émotion recherchée vont être favorisées par une certaine ambiance, liée à vos goûts personnels.

 

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Parfois il est aussi très appréciable de travailler en silence.

Silence relatif car des sons extérieurs peuvent attirer notre attention : le chant d’un oiseau, les bruits de la rue, une personne qui sifflote en passant sous notre fenêtre peuvent nous déranger, ou au contraire nous donner une idée supplémentaire qui n’aurait pas vu le jour sans cette coïncidence.

Une scène écrite, une illustration ou un morceau de musique sont uniques parce que nous les avons créés à ce moment précis et à cet endroit. Tentez de recréer la même chose dans un autre contexte et le résultat sera différent.

Je parle bien d’art et non d’artisanat. Je ne suis pas d’accord avec les écrivains qui se disent des artisans de l’écriture. Un artisan reproduit la même chose des centaines ou des milliers de fois, alors que chaque création d’un artiste est unique. J’espère pour eux qu’ils ne se contentent pas de reproduire la même recette dans chaque livre, les lecteurs vont finir par s’ennuyer.

L’art n’est pas prétentieux en soi, c’est une forme d’expression comme une autre. Il n’y a pas de honte à produire de l’art ou de l’artisanat, mais autant ne pas les confondre. Fermons cette petite parenthèse.

Si vous avez la chance de pouvoir créer dans un environnement calme, écouter sa propre musique intérieure est aussi une grande source d’inspiration.

Dans le cas contraire ou si votre esprit est trop agité, écouter de la musique peut s’avérer nécessaire à cette coupure avec le monde extérieur et une certaine forme de lâcher-prise.

 

Le rituel d’écriture ne suffit pas toujours à favoriser l’inspiration. Certaines fois c’est plus facile que d’autres de se plonger complètement dans notre activité, sans penser à autre chose.

Mais même ces jours où l’on éprouve vraiment des difficultés, la persévérance peut être gratifiante. On se force un peu au début et finalement on arrive à se replonger dans l’ambiance. Le résultat peut s’avérer très surprenant. L’inspiration, nous pouvons aller la chercher.

À partir du moment où l’on comprend l’intérêt de la réécriture, on ne cherche plus la perfection dès le premier jet. On accepte plus facilement qu’il est important d’avancer, même d’un tout petit pas à chaque fois, même quand on n’est pas dans une phase de créativité intense. Vous n’attendez plus d’avoir l’idée du siècle pour agir, car c’est dans l’action créative qu’une idée banale peut devenir un petit bijou.

Une idée posée fait de la place pour d’autres. Une fois sortie de notre tête, on la voit aussi parfois sous un autre angle.

L’inspiration se nourrit de la volonté que l’on met à avancer. Notre énergie engendre un mouvement, et avec la régularité, l’esprit s’oriente progressivement vers un cercle vertueux.

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Ce n’est pas un hasard que je m’exprime sur ce sujet, je suis en train d’écrire une suite à mon roman.

Le tome 1 a été envoyé à six éditeurs différents, et aujourd’hui quatre mois plus tard, j’ai reçu deux refus. Deux autres m’ont informé que le manuscrit passait en comité de lecture, et les deux derniers éditeurs ne m’ont pas du tout répondu. Voilà pour le moment où j’en suis dans mes recherches… j’attends patiemment, tout est encore possible.

Ayant bouclé ma dernière réécriture en mai, juste avant d’envoyer le premier tome, je me disais qu’il serait peut-être dur d’enchaîner directement sur le deuxième. L’inspiration, les idées justement, n’allaient-elles pas manquer ? Eh bien non !

Je viens de passer une partie de l’été à préparer ce deuxième roman, à chercher des idées puis à les poser sous la forme d’un scénario simplifié. Je viens de commencer la rédaction du premier jet depuis une semaine et j’en suis à une quarantaine de pages A4.

Cela ne m’a pas empêché d’écrire des petits textes pour ce blog, une nouvelle pour le jeu de rôles Chiaroscuro pour lequel j’ai également dessiné des cartes et illustrations. J’ai du temps bien sûr, mais aussi parce que j’ai fait certains choix.

Créez à partir de votre vécu et vos ressentis, au lieu de chercher des distractions pour passer le temps. Peut-être que vous procrastinez par peur de l’échec, alors que l’échec est nécessaire aux réussites futures.

Les choses ne se font pas toutes seules, il faut se rendre disponible pour créer le terreau fertile sur lequel faire germer des idées. En apprenant à vous mettre dans le bon état d’esprit avec régularité, vous ne verrez plus l’inspiration comme un phénomène étrange qui vient vous visiter quand ça lui chante.

Ou si vous préférez, vous provoquerez votre Muse, vous la séduirez en lui offrant un accueil à la hauteur. L’engagement total, bien qu’éphémère, dont elle a besoin pour vous emporter à l’intérieur de vous-même et y puiser le meilleur.

Si votre inspiration est un joyau, soyez un écrin digne d’elle. Elle ne vous lâchera plus si facilement.

Lancez-vous, échouez pour apprendre à réussir et progressez chaque jour vers votre objectif.

 

À bientôt et bonne inspiration.

 

 



 


2 Responses to Ambiances et Inspiration

  1. Avatar Marjorie Moulineuf
    Marjorie Moulineuf dit :

    Hello Sandro
    C’est sympa d’avoir ton point de vue sur l’inspiration et le travail. Je suis bien d’accord avec toi, l’envie d’écrire ne suffit pas, sans rigueur et détermination car l envie est liée a notre état d’esprit. Et n ‘importe quelles circonstances peuvent faire basculer notre envie dans un sens comme dans l’autre.
    Je suis plus circonspecte sur l’artisanat et l’art mais peut-être parce que je me considère avant tout comme une artisane n’ayant aucune ambition littéraire ou artistique. Pour moi l’artisanat repose sur la maîtrise d’un savoir-faire et plus je maîtrise les mots et les moyens de faire passer mes messages, plus je me sens comblée, indépendamment du résultat de ma créativité 🙂 Par exemple, j ai été longtemps, spécialiste de la chaux et des stuccos et je peux te dire que tu ne reproduis pas à l’identique, quand tu commences un mur en décoration, tu ne peux même pas t’arrêter pour pisser sinon tu perds le geste commencé et le rythme du mouvement. ( et cela se voit ou se ressent ) Les souffleurs de verre, les tailleurs de pierre, les ébénistes, etc, reproduisent un savoir-faire mais pas le résultat final qui est unique aussi.
    La BO d’Utopia j’adore celle des Watchmen est pas mal aussi, sinon pour écrire des émotions tristes, je mets en boucle celle de Requiem for a Dream ou Le dernier des Mohicans, ça marche à chaque fois pour me plonger dans une ambiance glauque ou plus lyrique.
    Tu fais bien de souligner l’importance de la réécriture car c’est l’erreur que l’on fait presque tous au début, vouloir un produit fini et quasi parfait dès le premier jet. Le mythe de l écrivain qui tape toute la nuit dans une fulgurance de génie à encore de beaux jours devant lui 🙂 Ton article permet de démystifier le véritable travail et déculpabiliser les auteurs qui galèrent et doutent lorsque l’inspiration ou l’énergie viennent à manquer.

  2. Merci Marjorie 🙂

    Oui les souffleurs de verre, tailleurs de pierre ou ébénistes peuvent très bien produire de l’art également.
    Les deux sont étroitement liés puisque le premier modèle d’un potier (par exemple) est encore unique, avant qu’il décide de le refaire.
    Bien sûr il y aura d’infimes différences entre deux objets identiques faits à la main, mais l’intention de l’artisan est bien de reproduire le même geste et la même technique. L’artiste recherche au contraire à ne pas refaire deux fois la même chose.

    On différencie souvent les deux par le fait que l’artisan produit de l’utile et l’artiste du beau. Mais le beau et l’utile peuvent très bien aller ensemble… d’ailleurs on parle aussi d’artisanat d’art.
    Toute création unique est une forme d’art pour moi. Après, que cette œuvre soit de qualité ou pas, c’est l’affaire des goûts de chacun.

    La musique de Requiem for a Dream fait partie de mes playlists aussi. Celle des Watchmen je connais pas, merci du tuyau je vais écouter 😉 J’aime beaucoup les musique des séries Vikings et Spartacus également. Et dans le genre ambiance bizarre j’adore la B.O de Beetlejuice. La liste est longue en fait…

    J’aime bien m’attaquer à certains clichés, surtout quand ils véhiculent des idées complètement fausses. En réalité, bon nombre d’entre nous ont un talent créatif mis de côté, voire complètement abandonné.
    Je trouve vraiment dommage que notre société encourage l’expression artistique de tous les enfants quand ils sont à l’école primaire, pour leur expliquer plus tard que ça ne sert à rien et qu’il vaut mieux trouver un « vrai métier ».
    Les filières artistiques sont considérées comme des voies de garage, tant qu’on ne sort pas d’une école prestigieuse (et chère). Et que dire du dénigrement des artisans sous prétexte qu’ils ont un métier manuel…
    Il serait vraiment temps de remettre tout ça à plat. Accorder un peu plus de considération à tous les corps de métier car tous sont importants pour la société. Mais non évidemment, avec un système basé sur la compétition acharnée, on fait tout pour nous diviser et créer des inégalités.

    Trop de gens sont prisonniers d’une profession qui ne leur correspond pas. Il faut rentrer de l’argent je comprends bien, mais il ne faut pas oublier non plus qu’à priori, on n’a qu’une seule vie. Et ce n’est pas aux autres de décider quoi en faire 🙂