Le Relais des Insectes Voyageurs


Le RIV ou Relais des Insectes Voyageurs fut créé pendant le règne de Shaïli Angama, période souvent considérée comme l’âge d’or de l’Ordre Ophrys.
Cela faisait une vingtaine d’années que la Valoki était un pays à part entière, ses frontières s’étendaient alors jusqu’au Calsynn. À cette époque, l’immense nation tropicale englobait aussi les territoires qui réclameraient bien plus tard leur indépendance sous le nom de Nemosia.

Les Sœurs Ophrys tenaient à ce que leur société se détache au maximum de la technologie industrielle. Mais sans les engins volants fabriqués dans les usines des Thars, certaines distances à parcourir pouvaient rendre les voyages extrêmement longs.
L’usage des ballons dirigeables se généralisa rapidement pour effectuer de longs trajets. Cependant, ils s’avéraient assez lents et il n’était pas toujours pratique de devoir se limiter aux horaires ou aux destinations des transports en commun.

 

Seules les moniales étaient capables d’utiliser le Seid pour chevaucher des insectes sociaux. Mais les aporims et les vespères, indispensables à leurs colonies, ne pouvaient effectuer de très longs parcours. Même les Sœurs avaient besoin de trouver d’autres moyens de voyager.
L’idée du Relais des Insectes Voyageurs fut développée par une famille d’éleveurs valokins de la province du Jailong. Cette famille fut pionnière dans le dressage de montures ailées, les premiers élevages s’étant jusqu’alors limités aux usages agricoles.

Les escarabes avaient été les premiers insectes géants domestiqués, d’abord pour leur chair et leurs œufs. Leur docilité permettait également de les utiliser pour les labours et comme animaux de bât. Mais s’ils se montraient très endurants et capables de transporter de lourdes charges, leur lenteur ne favorisait pas les voyages au long cours.
Les autres animaux d’élevage tels que les copoces, triules, plismes… ne pouvaient servir de montures pour des raisons morphologiques ou comportementales.

Après des tentatives infructueuses sur diverses espèces, les dresseurs de montures commencèrent à obtenir des résultats intéressants avec des locustrelles et des locristes.


Ces deux familles proches d’insectes herbivores possèdent des ailes et des pattes arrière très longues et musclées, leur permettant d’effectuer de grands sauts.
Les locustrelles se servent de leurs ailes pour prolonger leurs bonds en planant dans les airs, tandis que les locristes sont réellement capables de voler. Il en existe des dizaines d’espèces réparties sur tout l’hémisphère nord.
Leur usage se généralisa rapidement, même jusqu’au Tharseim pendant la belle saison. Durant quelques années, ce furent les seuls types de montures ailées utilisées par le RIV. Puis l’on parvint même à dresser les membres d’une autre grande famille d’insectes, carnivores ceux-là : les odolules.

 

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Au fil du temps, les odolules devinrent les montures volantes privilégiées du Relais des Insectes Voyageurs.
En dépit de leur rôle naturel de prédateurs, elles n’attaquent jamais les humains. Elles volent bien plus rapidement que les locristes et vivent aussi plus longtemps à leur stade d’imago (l’âge adulte).
En revanche, leur élevage représente de plus grandes difficultés en raison de leur premiers stades de développement.
En tant que larves, les odolules sont d’abord des animaux aquatiques.
Les élevages doivent donc se situer près de rivières, d’étangs ou de lacs. Il faut patienter de longs mois pour qu’elles atteignent leur dernier stade de développement. Et là seulement peut commencer leur dressage en tant que montures aériennes. Il reste avantageux pour les éleveurs de suivre leur évolution dès la sortie de l’œuf, afin qu’elles soient déjà habituées à la présence humaine au moment de leur premier envol.


La plupart des points d’accueil du RIV sont des fermes-auberges basées sur le même fonctionnement.
D’une part, un élevage où sont dressées et soignées les montures. De grands enclos en dôme sont utilisés pour parquer les animaux disponibles, en général entourés de bâtiments abritant sellerie, infirmerie et réserves de nourriture, sur le modèle du caravansérail terrestre.
D’autre part, une auberge pour accueillir les voyageurs qui louent les insectes. Elle propose le gîte et le couvert pour des tarifs très variables selon les endroits, pouvant aller du simple au double.
Les infrastructures et la main d’œuvre nécessaires au bon fonctionnement de ces établissements imposent une gestion en équipe, bien souvent familiale.

 

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Toutes les montures du RIV sont louées à la journée. Elles sont dressées pour rentrer toutes seules dans leur élevage d’origine, dès qu’elles sont relâchées après une bonne nuit de repos. Il est donc primordial pour les voyageurs de savoir se diriger vers leur prochaine halte du jour qui est toujours définie à l’avance. Tous les relais successifs sont distants maximum d’une journée à vol d’odolule.
Il est formellement interdit de déroger à ces règles.
Des pauses régulières sont effectuées, en moyenne toutes les deux heures. En général, les propriétaires fournissent des rations de nourriture séchée qu’ils accrochent à la selle de la monture pour qu’elle reprenne des forces lors de ces pauses.

Les odolules portent une muselière en vol pour leur éviter de se mettre en chasse d’autres insectes.
Elles ont très peu de prédateurs et sont éduquées à voler en altitude lors de leur voyage retour. Les accidents sont rarissimes. Si par malheur l’animal ne rentre pas ou qu’il est blessé en arrivant dans sa ferme, le locataire de la monture risque de devoir rembourser le dresseur à la hauteur du préjudice subi. Peut s’y ajouter une peine de prison en cas de maltraitance avérée, selon le pays.

Pendant plusieurs siècles, le Relais de Insectes Voyageurs resta le moyen de transport individuel privilégié sur l’ensemble des Ceintures Tropicale et Désertique.
C’est seulement dans le Tharseim que les insectes volants ne purent jamais prendre autant d’importance que les véhicules technologiques. D’une part en raison de la longue saison hivernale pendant laquelle les arthropodes hibernent ou meurent… mais aussi en conséquence des décisions économiques et politiques des dirigeants qui se sont succédé à la tête de la grande nation nordique.


Dans le Calsynn, l’avènement de certains clans de pillards a compliqué les choses quelques années avant que débutent les aventures de Naëlis Dirmel et Elorine Sequoia racontées dans les romans. Les voyageurs isolés et les caravanes peuvent être ciblés par des attaques de ces pillards dont certains pratiquent l’esclavage.
La traversée du Calsynn n’a jamais été facile en raison des dangers représentés par les animaux carnivores, l’aridité du désert et la fréquence des tempêtes de sable. Elle est récemment devenue encore plus périlleuse. Le Relais des Insectes Voyageurs a fini par disparaître complètement de la Ceinture Désertique.

Après que la Nemosia ait pris son indépendance vis-à-vis de la Valoki, les relations sont tout de même restées cordiales entre les deux nations. Les insectes du RIV et leurs passagers ont longtemps pu circuler librement dans toute la Ceinture Tropicale.
Mais depuis quelques décennies, les Nemosians se sont nettement rapprochés des Thars. Ils ont favorisé la production industrielle dans tous les secteurs de leur économie. Les aérodocks se sont développés dans la plupart des agglomérations, au détriment du RIV dont les établissements tendent à se reconvertir.


Même la paisible Vallée des Mousses, dont les habitants ont vécu sans technologie moderne pendant si longtemps, ne compte plus qu’un seul relais dans le village de Rizom. De moins en moins fréquenté par des voyageurs à dos d’insecte, il risque là aussi d’être remplacé un jour par une piste d’atterrissage pour les vaisseaux modernes.

 

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En ce début de 7ème siècle, il n’y a plus qu’en Valoki que le Relais des Insectes Voyageurs n’est pas menacé de disparition, à plus ou moins long terme. Il y est toujours autant utilisé depuis l’époque de sa création.
Du moins, c’est ainsi que se présente la situation au début des romans… Beaucoup de choses sont amenées à changer au fil de la trilogie en cours.

C’est un monde en changement.
Aussi, toutes les situations présentées sur ce blog sont antérieures au début du premier livre. C’est l’occasion de rappeler que les lecteurs et lectrices peuvent parcourir l’ensemble des textes mis en ligne ici, sans y trouver de révélations sur les intrigues des romans.

D’ailleurs le deuxième tome de la trilogie avance bien, je pense toujours le publier avant la fin de cette année.
Et d’ici là, il y aura sûrement d’autres articles à lire sur le blog…

Je vous souhaite un très bel été.